Les couverts végétaux font partis des piliers du Maraîchage sur Sol Vivant. Pour rappel, ce sont des cultures non commerciales cultivées majoritairement en interculture qui permettent une ou plusieurs améliorations agronomiques comme la protection des sols contre l’érosion, l’augmentation du taux de matière organique dans les sols, la structuration du sol par l’action des racines, l’amendement en azote pour la culture suivante, la gestion des adventices et des ravageurs ou encore l’amélioration de la biodiversité et de l’activité biologique des sols.
Pour être réussie, la culture des couverts végétaux doit se réfléchir en amont de la période de semis. En effet, 2 points doivent impérativement être traités pour choisir le couvert idéal :
Tout d’abord il faut déterminer les objectifs c’est à dire les bénéfices qu’on cherche à obtenir des couverts végétaux. Ces objectifs peuvent être multiples et sont liés aux contraintes de l’agriculteur. Elles peuvent être agronomiques (précédent et suivant dans la rotation culturale, état de salissement de la parcelle), pédologiques (structure et texture du sol) économiques (budget alloué à l’achat des semences de couverts), et technique (matériel disponible). Une fois les contraintes bien établies, les objectifs d’implantation du couvert deviennent plus clairs : il peut s’agir d’un apport d’azote dans les sols, on implante alors un mélange de légumineuses. Les contraintes peuvent être plus nombreuses : sol compacté, forte pression d’adventices annuelles, sol pauvre en matière organique…
Les mélanges d’espèces dans le couvert peuvent alors répondre à ces différentes contraintes en jouant sur leur complémentarité. En effet, les 3 grandes familles végétales utilisées dans les couverts ont chacune des qualités qui leur sont propres:
- Les Fabacées (légumineuses) sont utiles pour amender le sol en azote car elles fixent l’azote atmosphérique et le rendre au sol lors de leur destruction. Certaines Fabacées ont des racines pivots permettant de fissurer le sol et le décompacter, comme la féverole. D’autres, comme la vesce ou le pois fourrager, ont des port bas et couvrants permettant de concurrencer efficacement les adventices.
- Les Graminées couvrent et structurent le sol efficacement. Détruites tardivement, elles peuvent occasionner une faim d’azote mais également produire un paillage à l’intérieur duquel la culture suivante peut s’implanter (à condition de fertiliser). Cette faim d’azote peut être atténuée en associant les Graminées avec des Légumineuses et évitée en anticipant la destruction du couvert. Leur forte production de biomasse est également un atout pour augmenter le taux de matière organique dans le sol. Les Graminées ont également l’avantage de ne pas être cultivées en maraîchage, elles sont donc utiles pour arrêter le cycle de développement de maladies et ne sont pas elles-mêmes vecteurs de maladies pour les cultures suivantes.
- Les Brassicacées sont des plantes ayant des racines pivots puissantes, une forte production de biomasse, un haut pouvoir couvrant et selon les espèces, des qualités allélopathiques (influence négative sur la germination, la croissance et la survie d’autres espèces végétales). Elles peuvent aussi recycler des éléments nutritifs tels que le calcium, le soufre, le phosphate, le potassium. Elles consomment beaucoup d’azote (atténué en mélangeant avec des légumineuses) et peuvent poser problème dans les rotations maraichères d’où leur intérêt à l’automne pour limiter les pertes et restituer cet azote après la destruction du couvert au printemps. Afin d’éviter la propagation de maladies telluriques (hernie du choux…), il convient de ne pas utiliser de Brassicacées dans le couvert dans le cas où il y a des Brassicacées dans la rotation (précédent et suivant).
Nous avons résumé le chemin de réflexion à suivre pour implanter un couvert d’hiver avec l’arbre de décision ci-dessous. Quelques mélanges sont proposés en fonction des objectifs. Les espèces proposées répondent à l’objectif principal ainsi qu’à certaines contraintes. Par exemple, 2 mélanges “biomasse” sont proposés, 1 dans le cas où il n’y a pas de brassicacées dans le précédent ou suivant, un autre où il y en a.
Les espèces proposées sont également choisies sans tenir compte des possibilités d’approvisionnement des agriculteurs. Il est plus intéressant de privilégier des semences pouvant être obtenues gratuitement/peu onéreuse, à proximité de l’exploitation (production par des voisins, récupérer chez des paysans boulangers qui trient les graines, production de semences sur place, etc.).
Arbre de réflexion sur le choix d’un mélange d’un couvert végétal.