Une journée technique a été réalisée en partenariat avec Valence Romans Agglo le 13 octobre à Montélier afin de partager des résultats autour des couverts d’été et de leur destruction. L’agglomération de Valence-Romans s’emploie depuis plusieurs années à proposer des accompagnements techniques et des journées de sensibilisation auprès des agriculteurs afin de les appuyer dans leur démarche de transition vers des pratiques préservant la ressource en eau du territoire (en qualité et quantité).
Cette après-midi s’appuyait sur des essais de couverts d’été réalisés chez Dorian Mathieu où plusieurs mélanges ont été testés (5 modalités).
Ces essais ont été réalisés dans le cadre du travail de recherche-action participative mené par l’ADAF auprès de plusieurs fermes pilotes avec le soutien du ministère de l’Agriculture, de la Fondation de France et de la compagnie nationale du Rhône (CNR).
L’ensemble des modalités et des résultats des essais peuvent être retrouvés dans le document ci-dessous:
Ces résultats ont été discutés au milieu des différents carrés de couverts laissés à l’occasion où chaque participant a pu identifier les différentes espèces présentes, leur niveau de développement et leur taux de recouvrement.
Nicolas Courtois, conseiller à Agrigenève et fort d’une expérience de près de 15 ans en ACS, a été invité à cette occasion et a pu nous expliquer les tenants et aboutissants de l’implantation de couverts selon le type d’intercultures.
Dans le cas de Dorian Mathieu, l’objet d’étude était l’implantation de couverts en interculture longue entre blé et maïs. Les 3 types de couverts ont été implantés pour les comparer entre eux. Néanmoins Dorian a fait le choix de réaliser un sursemis de féverole sur l’ensemble de son champ et des modalités pour ne pas s’éloigner de son habitude de semer de la féverole en couvert d’hiver avant maïs.
En effet, depuis quelques années, Dorian évite d’implanter des couverts d’été et privilégie uniquement la réussite du couvert d’hiver de féverole.
En effet, Dorian a eu jusqu’à maintenant plusieurs difficultés à implanter des couverts d’été. Plus le climat estival est rude (chaleur, sécheresse), plus il est difficile de réussir l’implantation de couverts d’été et plus il est nécessaire de bien soigner leur implantation. Nicolas Courtois, à travers de nombreux essais en Suisse et dans plusieurs endroits en France, a pu identifier plusieurs “commandements” à respecter:
– être exempt d’adventices au semis; et donc réaliser un désherbage mécanique ou chimique si la parcelle n’est pas propre postmoisson
– semer profond à 5cm de profondeur, même les petites graines, pour profiter de l’humidité et éviter des pertes de plantules dû à des petites pluies.
– mélanger les espèces autant que possible (au moins 5 espèces) car elles sont souvent complémentaires et permettent de développer une bonne biomasse quelles que soient les conditions climatiques
– bien choisir ses espèces en fonction de la culture qui suit
– rouler les semis
– bien gérer les pailles (moissonner haut) et les menues pailles (bien les répartir) pour éviter d’intégrer des pailles dans le sillon dans le cas d’un semoir à disques
– semer le plus tôt possible
– détruire le couvert à pleine floraison (après cela, on ne gagne plus en biomasse et on perd en azote disponible pour la culture)
Dorian a respecté ces “commandements” et a pu donc obtenir de beaux couverts avec une couverture totale du sol et quasiment exempts d’adventices (sauf qqs rond d’érigérons sur 5% de la surface; lié plutôt au non-travail du sol).
Nous avons pu aussi discuter de la question de la destruction des couverts d’été et notamment de l’utilisation du rouleau Orbis de Roll N Sem.
Autour des carrés laissés pour l’occasion, Dorian avait, tout autour, sursemé directement sa féverole dans les différents couverts et avait roulé au rouleau Cambridge derrière. Au 13 octobre, des problématiques de relevés des couverts (notamment pour le sorgho pur et le couvert diversifié avec sorgho) semblaient pouvoir porter préjudice au développement de la féverole. Heureusement, l’abaissement des températures et surtout les pluies abondantes qui ont suivi ont permis de passer outre ces problématiques de concurrence.
Le rouleau Orbis se présente comme une alternative très intéressante pour assurer une destruction suffisante du couvert d’été, sans travail du sol, et éviter ainsi les problématiques de concurrence hydrique pour le couvert d’hiver en cas d’automnes plus secs.
Enfin, il est important de mentionner que tous ces résultats peuvent être entièrement réutilisables en système plus traditionnel. Néanmoins, si l’on souhaite avoir deux phases de croissance des couverts (été et automne-hiver) que ce soit en double semis ou en couvert relais, il est nécessaire de développer des techniques de travail du sol simplifié qui peuvent bien se marier avec des “gros” couverts (broyage puis passage charrue-déchaumeuse ou rotavator).
A la fin de l’après-midi, Marilou Legeay, animatrice chez Oxyane, a aussi pu présenter plusieurs essais réalisés chez Dorian dans le cadre d’un projet CNR en partenariat avec l’ISARA. Les résultats seront diffusés sur leur site dans les semaines à venir.
