C’est avec un tour de table qu’à débuté la première journée, avant de laisser la parole à Marcel Bouché pour la matinée.
Ce fût l’occasion pour lui de nous parler, en premier lieu, de sa vision de l’écologie, comme “une science globale portant sur les relations des organismes avec le milieu extérieur environnant”. Le terme “milieu extérieur environnement” comprend les fonctions biologiques (les organismes vivants), mais également les fonctions physico-chimiques, et les actions humaines sur le milieu. Après cette introduction, l’étude des vers de terre est initiée par la paléobiogéographie, étudié en France par Marcel et à l’étranger par ces collaborateurs. La “biopaléogéographie” est fondée sur le constat de l’identité de la biogéographie actuelle (répartition des genres sur la planète) avec la “paléogéographie géologique” 1. La “biopaléogéographie” valide simultanément les hypothèses sur l’évolution biologique des animaux sans fossiles (tels que les vers de terre) et la paléogéographie.
Nous avons ensuite abordé les différentes catégories écologiques de vers de terre ainsi que leurs rôles. Les endogés, non-pigmentés, travaillent le sol plutôt en profondeur, sur 0 à 30 cm. Ils se nourrissent de microorganismes et de matières organiques décomposées. Les anéciques, plutôt sombres et de grande taille, creusent des galeries verticales et ingèrent de la litière, ce qui permet de l’enfouir, et de la mélanger avec des matières minérales (lombrimixage). Enfin, les épigés, sont rougeâtres et principalement présents dans la matière organique fraîche et la litière (fumier, bouses de vaches, compost, etc.) qui est leur lieu de vie. Nous avons par la suite discuté de la biologie des vers de terre: modalités de reproduction, déplacement du gésier vers l’arrière du corps (derrière les organes sexuels) chez les anéciques, permettant alors le développement de puissants muscles fouisseurs.
Nous discutons ensuite des rôles clés que peuvent avoir les vers de terres dans le sol. D’une part les turricules, qui témoignent d’une part de l’activité de décompaction des vers de terre, et d’un état de compaction des sols : lorsque les sols sont assez poreux les lombrics ont tendance à déféquer dans les pores du sol afin de moins s’exposer aux prédateurs tels que les oiseaux. Via leurs déjections, ces organismes font de “l’anti-lessivage” car ils remontent les éléments nutritifs tout en initiant la digestion de l’ensemble du sol permettant alors une assimilation facilitée par les autres organismes comme les végétaux. D’autre part, leurs galeries permettent une bonne aération (environ 5m2 de surface développée dans les galerie pour 1m2 de surface au sol) et sont gages d’une bonne percolation de l’eau dans les sols (5km/ha de galeries, dont 0.7km/ha débouchent directement à la surface du sol). Ces galeries facilitent également l’enracinement des plantes dans les sols compactés, en effet celles-ci forment un “manchon” de racine dans la galerie, permettant une l’assimilation plus facile tout en permettant le passage du ver. Pour illustrer le rôle de laboureur des sols, Marcel nous explique qu’il a pu mesurer qu’environ 300t/an/ha de terre passent dans les lombrics.
Fin de la matinée, et repas, avant d’aller faire une après midi terrain à la ferme des buis à la Roche-sur-Grâne. Au programme de l’après-midi: nous réalisons des tests bêche pour évaluer la quantité de vers de terre dans le sol. Répartis en trois groupe, nous choisissons trois zones d’échantillonnage, et sur chacune nous prélevons un bloc de terre. Ensuite, nous nous rassemblons pour extraire les vers de terre des blocs, les dénombrer puis identifier les catégories écologique à l’aide d’Amandine et Marcel.
Pour la deuxième journée, Marcel poursuit son exposé liant les populations lombriciennes aux pratiques agricoles durant la matinée, puis Amandine prend le relais l’après midi pour faire un bilan de l’étude qu’elle a menée sur les vers de terre au sein de différentes fermes en MSV. Nous échangeons sur les différentes projets et problématiques des participants et identifions des pratiques à mettre en place pour favoriser la fertilité des sols.
Pour aller plus loin, vous pouvez aller voir nos articles sur la quiescence et la diapause, ou sur la reproduction des vers de terre ainsi que les nombreuses conférences de Marcel Bouché disponibles en ligne.
1 La “paléogéographie géologique” est à l’interface entre la géologie et la géographie. Cette discipline permet de reconstruire la géographie passée à la surface du globe.