Je m’appelle Corentin et je vais vous parler de mes missions en service civique pour l’année 2019-2020 auprès de l’Adaf et l’Hirondelle aux Champs, deux associations Drômoises qui cherchent à concilier l’agriculture et l’écologie.

Je suis en charge du développement d’un diagnostic que nous appelons le “Diagnostic du Potentiel d’Accueil de Biodiversité” sur des fermes partenaires. Il s’agit d’un outil simplifié permettant d’évaluer l’attractivité d’une ferme pour la biodiversité au travers de ses infrastructures et de son organisation.

L’approche est qu’un maximum d’agriculteurs puissent l’utiliser sans grandes connaissances.

La première étape consiste à analyser la composition paysagère, le bâti, de la ferme pour obtenir un état des lieux de son potentiel d’accueil de la biodiversité

La seconde étape, en lien avec les résultats obtenus, est de faire des propositions d’aménagements (plantation de haies, création de mares/pierriers, pose de nichoirs…) avec l’agriculteur pour améliorer ce Potentiel d’Accueil de la Biodiversité (PAB).

Dans cet article je vais vous raconter ma mission plus en détail et vous montrer des exemples concrets.

Tout commence par la prise de contact avec des agriculteurs, mais ce n’est pas moi qui m’en occupe. Grâce aux réseaux de l’ADAF et de l’Hirondelle aux champs certains contactent Antoine ou Sabine (mes tuteurs) afin d’améliorer la biodiversité sur leurs fermes. Après des échanges concernant les attendus et une réflexion sur la pertinence du projet, ils décident s’ils souhaitent suivre ce projet pour l’année à venir. Si c’est le cas, Sabine et/ou Antoine prend rendez-vous avec cet agriculteur et j’en suis tenu au courant. Nous nous rendons sur place pour faire une visite des parcelles et un entretien pour mieux comprendre leurs pratiques culturales, les problèmes qu’ils rencontrent, leur rapport à la biodiversité, leurs attentes concernant le diagnostic… Puis je retranscris mes notes sur ordinateur: c’est la première étape de la construction du dossier.

Peu de temps après, je prends à nouveau contact avec l’agriculteur afin de convenir d’un rendez-vous lors duquel j’identifierai les éléments présent sur la ferme ayant une importance pour le PAB.

Je remplis donc une grille qui se divise en 5 types d’infrastructure paysagère:

  1. le patrimoine arboré
  2. le patrimoine bâti,
  3. les surfaces à destination agricole,
  4. les zones humides,
  5. les éléments ponctuels. 

Pour la grille “patrimoine arboré”, je précise par exemple le type de formation (Haie, alignement d’arbres, bosquet…), les dimensions, les nombre d’espèces d’arbres et leur stade de développement, l’état sanitaire, etc. 

Je prends des photos sur le terrain pour alimenter le dossier et le rendre plus parlant, et je commence à réfléchir à des moyens pouvant améliorer la biodiversité sur la ferme.

Par la suite, grâce à des photos aériennes et mes observations de terrain, je cartographie l’ensemble des données sur le logiciel QGIS. Je détaille chaque section en 5 cartes légendées, puis une sixième récapitulative.

C’est à ce moment que je dois approfondir la réflexion sur les propositions d’aménagements, en prenant en compte les pratiques agricoles et les potentiels problèmes de l’agriculteur tels que des ravages de campagnols ou de carpocapse du pommier.

On cherche ici à créer un équilibre biologique, où un prédateur va réguler la population de sa proie. Par exemple, si les campagnols sont en gros effectifs sur une parcelle, on cherche à savoir si leurs prédateurs sont sur les lieux, en l’occurrence des rapaces, Mustélidés et renards. Par manque d’observation, on regarde dans nos données si on suppose que la ferme comprend suffisamment d’aménagements pour permettre au prédateur de venir chasser ici.

Grâce aux fiches espèces, et qui sont données aux agriculteurs dans leur dossier final, il est possible de savoir de quels aménagements ont besoin ces animaux. Ces fiches sont en ligne sur le site, à cette adresse.

Après réflexion, j’établis une première proposition d’aménagements sous forme d’une carte avec des explications de mes choix. Nous échangeons par la suite avec Sabine, Antoine et l’agriculteur pour le compléter, l’adapter.

Certains aménagements proposés sont expliqués dans les Fiches Aménagements co-conçues entre l’ADAF et l’hirondelle aux champs et que je contribue aussi à créer. Elles peuvent permettent d’expliquer comment fabriquer certains nichoirs et comment les mettre.

 

Nous accompagnons les agriculteurs jusqu’à la fabrication et la mise en service de ces aménagements, au travers notamment de chantiers participatifs avec des bénévoles, adhérents et partenaires aux associations.

Nous avons par exemple effectué des chantiers de plantations de haies et d’agroforesterie avec l’Adaf en collaboration avec le CEFA de Montélimar cet Hiver. Le travail est bien plus rapide et efficace en groupe.

Des suites de ces chantiers, nous nous occupons même du suivi de ces aménagements pour s’assurer de leur fonctionnement. Nous allons pouvoir observer l’intérieur des nichoirs à l’aide d’un endoscope et nous placerons des caméras pièges à vision nocturne pour vérifier les déplacements d’animaux autour d’une mare ou dans un pierrier.